Il y a un mois, la tronçonneuse a essayé de me manger un doigt.
Avec un succès mitigé heureusement.
C'est entièrement de ma faute, pour plusieurs raisons.

Je refendais avec la ms440 des billons et têtes de chat d'un tilleul mort. Les copeaux en tagliatelles qui bourrent, normal, une main passe sous la machine pour virer la poignée de copeaux et on continue. J'ai fait ça des centaines de fois, ça va très bien.

Ce coup-ci, les copeaux étaient courts et difficiles à prendre. J'ai sorti la machine du billon et l'ai mise sur le côté à 45° pour attraper plus facilement la touffe.
Le roulement à aiguilles de l'embrayage avait encore ingéré de la merdasse et la chaine tournait au ralenti.
A l'instant même où j'ai mis la main, je me suis dis "flûte, j'aurais dû mettre le frein de chaine".
Trop tard.

Il faut dire que depuis de nombreux mois (j'ai laissé trainer), un problème de transmission nerveuse m'a progressivement rendu inutilisable une bonne part des muscles de la main gauche. Le serrage se fait toujours grâce aux commandes à distances et au pouce, mais l'essentiel du contrôle local est inopérant, avec une mention spéciale pour l'annulaire et l'auriculaire. Ce dernier a même disparu de ma cartographie, je ne sais pas dans quelle position il est si je ne le vois pas. Bref ces doigts ne font plus ce que je leur demande.

Du coup, en refermant la main sur les copeaux, l'annulaire est entré dans l'espace sous le carter de chaîne, la chaine à choppé le bout du gant et a tiré le doigt à l'intérieur, derrière le pignon. Bobo...

Les gouges ont taillé en long le dessus et le côté extérieur, depuis le milieu de la deuxième phalange jusqu'au bout, en faisant sauter un tiers de l'ongle au passage. L'os n'a été "que" gratté.
Les dégâts auraient pu être bien pires.
C'était loin d'être anodin tout de même et je me suis dis que ma méthode sopalin + scotch comme pansement    risquait de ne pas être à la hauteur. Donc direction les urgences de la clinique de la main et je suis passé au bloc le lendemain.

Presque pas mal, le circuit nerveux en panne y est peut-être pour quelque chose. Le plus douloureux a eu lieu à la disparition de l'anesthésie, mais rien de bien méchant. Le pansement qui colle, par contre, aïe...
En tous cas, l'anesthésie est vraiment efficace. Tout ce que j'ai ressenti au doigt pendant l'opération a été les micro chocs lors de la découpe de l'ongle  .

Lors de l'opération, j'ai entendu les chirurgiens dire que c'était une blessure inhabituelle. Cela m'a rendu (bêtement) plutôt fier de moi !

La blessure, pour intéressante qu'elle soit, a quand même nécessité la greffe d'un lambeau de peau et d'une partie de l'ongle pour reconstruire la zone.
Quand, en fin d'opération, j'ai entendu parler de greffe, je me suis dit "et merde, c'est foutu pour les chantiers".
Il n'y aurait eu que des points de suture, je me serais bien vu retourner finir le chantier le lendemain, ou au pire après le weekend. Là, avec les greffes, j'ai décidé d'être raisonnable pour une fois, vraiment, afin de ne pas risquer de ruiner le travail des chirurgiens (et d'être salement embêté par la suite).

Donc tranquillou, le doigt se répare plutôt bien d'après l'infirmière.
Je ne fiche rien, même pas de bricolage. C'est reposant mais qu'est-ce que c'est pénible.
Bon, encore 15 jours à patienter, j'ai une corde qui attend toujours dans un arbre et mon petit broyeur qui dort dehors chez le client. Mais à rien faire, je me sens tout mou, surtout à gauche. Et c'est la main qui démarre les bécanes 
La reprise va être difficile.

Dernière modification par Marc-Antoine (27-08-2017 22:06:30)